Editions Allia

Table

La perfection presque achevée d’un monde où le développement technique, le progrès social, le culte de l’art et la raison triomphante se glorifient mutuellement devait basculer brutalement dans la première guerre mondiale de l’histoire. La révolte des artistes, au début de ce siècle, est d’abord dirigée contre la complicité d’un art exclu dans son principe du mouvement historique réel, et lui servant pourtant de décoration et de prétexte. La destruction de cet art, de l’actuelle organisation des hommes et des choses, de ses fondements rationnels aussi, s’est alors imposée comme préalable à la redécouverte d’une authenticité égarée.
Autour des Futuristes
Contre la tiédeur des bonnes intentions, des conduites raisonnables et de l’art académique, le futurisme italien fit l’apologie de la violence, de la luxure, de la vitesse et des mitrailleuses. Marinetti prit rapidement le chemin du fascisme et les poses de Mussolini. Palazzeschi, au contraire, s’en protégea par son ironisme délicat et souvent mélancolique. En Russie, c’est autour du peintre Larionov que le mouvement futuriste atteignit son originalité sous la forme “rayonniste”.
La révolte de Dada Les bas-fonds de Walter Serner
Walter Serner, né en 1899 à Carlsbad et mort au camp de Theresienstadt en 1942 a été d’abord une des plus brillantes figures du mouvement Dada. L’originalité de ses romans, publiés au début des années vingt et devenus des classiques de la littérature moderne, lui a valu le surnom de “Maupassant du crime” et de “Choderlos de Laclos des bas-fonds”. Cette originalité ne vient pourtant pas seulement de ses personnages, petits arnaqueurs et demi-cocottes, mais des relations que ces héros dérisoires entretiennent avec leur monde et entre eux, bien étrangères à celles du roman classique.
Autres explorations déraisonnables
La destruction dadaïste des anciennes formes fait bientôt surgir à la conscience de captivantes nouveautés. A partir du rêve éveillé, de la contemplation d’images elles-mêmes oniriques, ou des jeux cabalistiques avec les mots, des fils se reconnaissent et tissent parfois une trame aux dessins fascinants, riches en significations.
Les romans de Georges Ribemont-Dessaignes
L’oeuvre romanesque de Ribemont-Dessaignes a été conçue, écrite et publiée entre 1924 et 1945 Elle est le résumé d’une époque passablement mouvementée. Elle a eu partie liée successivement avec le dadaïsme, le surréalisme, le Grand Jeu. Elle a participé au mouvement de cette époque et à ses entreprises, de la révolte violente à un lyrisme plus intime et de la dérision souveraine à une gravité non dénuée de ferveur.
Des paradis perdus
Le témoignage épouvanté que la modernité avait dû porter sur elle-même a inspiré diverses tentatives pour rendre compte d’un tel constat. Deux causes ont été avancées alors pour expliquer cette faillite, qui se sont côtoyées jusqu’à maintenant : perte de la sexualité dans sa réalité charnelle ou perte de l’esprit dans son unité plurielle.
Bien en deçà