Editions Allia

Véritable work in progress, la rédaction de l'auto­biographie d'Alfred Kubin a été reprise et complétée par sept fois, de 1911 – Kubin a alors 34 ans – jusqu'en 1952. Son écriture lui permet d'exorciser les terribles crises mentales qui l'ont conduit plusieurs fois au bord de la folie. Kubin ne cesse de s'interroger sur sa création, ce qui l'amène notamment à faire le point sur ses relations avec les différents artistes du XX^_e siècle. Il relève aussi les lectures qui ont compté pour lui, Kant en particulier, puis Nietzsche. Mais ce livre, c'est aussi le point de vue d'un homme hors du temps sur les événements cruciaux qui ont jalonné ce demi-siècle. Une Première Guerre mondiale en particulier, lors de laquelle Kubin perdit non seulement des amis chers mais aussi le désir de créer. Et pourtant, en 1931, il écrit : "C'est bien le sens ultime et propre de l'artiste que de jeter dans sa création un voile sur le non-sens de la vie, un voile mince, protecteur, sur l'abîme de forces chaotiques qui ne sont littéra­lement rien pour nous à côté de ce monde qu'on nous fait miroiter et qui constitue notre vérité même s'il n'est rien de plus qu'une illusion dans le temps qui s'écoule."