Editions Allia

Sauver les phénomènes
Que faire de mieux quand tout est complètement désorganisé ?

septembre 2018 - prix: 6,50 €
format : 100 x 170 mm
96 pages
ISBN: 979-10-304-1004-4 Existe aussi aux formats ePub et PDF


Extrait de “Sauver les phénomènes”

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Sauver les phénomènes

Herman Leo Van Breda

‘‘L’importance de l’héritage spirituel de Husserl était telle, disais-je, qu’il fallait se décider si possible à le mettre tout entier à la disposition des chercheurs. Même si les circonstances actuelles ne permettaient d’en publier dans l’immédiat que certaines parties, il fallait le faire en tenant compte du fait que plus tard le monde philosophique désirerait, sans le moindre doute, pouvoir replacer ces parties dans l’ensemble de l’œuvre. Si telle était bien la perspective dans laquelle il fallait situer tout travail relatif à ces papiers, le seul moyen efficace d’en entreprendre l’élaboration était sans doute la création de ce que j’appelais, déjà en ce moment, les Archives-Husserl.’’
Sauver les phénomènes est le récit aussi véridique qu’haletant d’une entreprise sans équivalent : le sauvetage, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, des archives Husserl. Dès 1933, le philosophe Edmund Husserl, fondateur de la phénoménologie et auteur de Recherches logiques (1900-1901), se voit rayé de la liste officielle des professeurs d’université en raison de son ascendance juive. Jusqu’à sa mort en 1938, il connaît une solitude toujours grandissante, bien qu’il fût, de 1916 à 1933, une grande gloire de l’université de Fribourg.
Lorsque le père franciscain Herman Van Breda, alors étudiant en philosophie à Louvain, entre en contact avec sa veuve pour consulter les archives de son mari, elle se trouve elle-même sous le coup des mesures antisémites décrétées par le régime nazi. La première rencontre a lieu le 29 août 1938.
Van Breda prend alors la pleine mesure de la masse de documents laissés par Husserl. Il découvre de nombreux inédits, une bibliothèque riche de plus de 2700 volumes, dont une bonne partie annotée de la main du maître : une manne inépuisable pour comprendre la pensée de Husserl. Van Breda pressent que les clefs pour retracer la genèse du courant phénoménologique, et bénéficier d’un éclairage philosophique entièrement nouveau, sont à portée de main. Il décide de mettre à la disposition des chercheurs cet héritage en créant un centre d’études consacré à l’œuvre de Husserl ainsi qu’en entreprenant un patient travail d’édition.
En pleine montée du nazisme, il est inenvisageable qu’un tel institut puisse voir le jour en Allemagne. Les précieuses archives doivent être abritées en dehors des frontières du Reich. Mais comment les déplacer jusqu’en Belgique ? Comment inciter la veuve elle-même à émigrer ?
À la suite des premières attaques allemandes contre la Tchécoslovaquie, la mise à l'abri des archives est urgente. Van Breda envisage alors de faire appel aux services diplomatiques belges établis en Allemagne et de sauver ce patrimoine de la destruction en employant les mêmes moyens dont usent les nazis dans leur entreprise de spoliation des œuvres d’art et des bibliothèques : la valise diplomatique.
Un périlleux périple commence dans la clandestinité. Ce document rare, qui se lit comme un roman policier, retrace l’aventure d’un trésor de la pensée.

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