Editions Allia

Li Zhi, philosophe maudit (1527-1602)
Ses ennemis, à bout d’arguments, recourront en effet à la violence, comme il l’a prévu.

septembre 2024 - prix: 22 €
format : 140 x 220 mm
288 pages
ISBN: 979-10-304-1616-9


Extrait de “Li Zhi, philosophe maudit (1527-1602)”

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Li Zhi, philosophe maudit (1527-1602)

Jean François Billeter

“Li Zhi est né en 1527 et mort en 1602. Il a vécu sous la dynastie des Ming, et plus précisément durant cette période de fermentation et d’effervescence qu’a été, pour la société chinoise, le XVIe siècle. L’époque et les circonstances de sa vie ont fait de lui ce que nous appellerons, pour la commodité, un philosophe. Elles ont surtout et d’abord fait de lui un homme en profond désaccord avec la société dans laquelle il vivait, et dominé par le sentiment d’être réprouvé par elle : un être maudit.”
Les deux ouvrages qui ont fait la célébrité de Li Zhi (prononcer Li Dj) sont Le livre à brûler et Le livre à cacher. Dans le premier, un recueil d'essais et de lettres publié en 1590, il s'en prenait vivement à l'hypocrisie qui régnait parmi les gens de pouvoir, dans l'administration impériale dont il a lui-même fait partie et au confucianisme dont ces gens se réclamaient. Ce livre n'a pas été brûlé, mais a été immédiatement interdit par la cour des Ming et ensuite mis à l'index par la dynastie mandchoue jusqu'à sa fin, en 1911. Dans Le livre à cacher, un vaste commentaire moral et politique de l'histoire de Chine, il dénonçait d'un autre point de vue cette idéologie. Le livre à cacher a subi le même sort que Le livre à brûler. Ces deux ouvrages et le reste de l'œuvre ont été progressivement redécouverts au 20e siècle.
De ce personnage aussi attachant qu'inclassable, Jean François Billeter nous offre une biographie intellectuelle nourrie de nombreuses traductions. Il montre ce que son destin singulier nous apprend sur la société de son époque et sur un moment de l'histoire : une Chine bouillonnante dans laquelle était peut-être en gestation un avenir dont elle a été privée par l'invasion mandchoue de 1644 et le joug qu'elle a subi jusqu'au début du XXe siècle.
Cette biographie nous fait connaître un homme insatisfait, qui se sentait étranger à son temps et qui s'est en fin de compte sauvé par l'écriture. “Quand ils écrivent, disait-il, les gens s'efforcent d'entrer dans leur sujet en y pénétrant du dehors tandis que je suis dedans et que je fais des sorties, portant la bataille sous les murs de l'ennemi, puisant dans ses provisions, retournant contre lui ses hommes et ses chevaux ; je lui en fais voir de belles, je le mets en miettes ; je n'y dépense pas mes forces, qui me restent entières.”

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