Editions Allia

Journal de Holyhead
Je dînerai tout seul comme un roi.

avril 2009 - prix: 3,10 €
format : 90 x 140 mm
64 pages
ISBN: 978-2-84485-308-0


Extrait du Journal de Holyhead

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Journal de Holyhead

Jonathan Swift

Dans sa Vie de Swift en 1875, John Forster révéla l’existence d’un “journal inédit, de la main de Swift, singulier dans sa nature et d’un extraordinaire intérêt, écrit sur la route de Dublin, dans une terrible inquiétude pour Esther Johnson, alors dangereusement malade”. Ce journal fut tenu du 24 au 29 septembre 1727, au terme du dernier séjour de Swift en Angleterre. Lors de son précédent voyage, il avait apporté le manuscrit des Voyages de Gulliver, violente satire de la société anglaise et de la civilisation de l’époque, dont le succès, à sa publication, ne se fit pas attendre. Il fut accueilli en 1727 comme un prince. Cependant, au mois d’août, une lettre de son ami Thomas Sheridan l’avertit de l’état alarmant de Stella, le grand amour de sa vie. Sans prendre le temps de prévenir personne, il gagna en diligence le port de Chester mais manqua de peu le navire régulier pour Dublin. Il prit la décision de pousser jusqu’à Holyhead, à trois jours de cheval, où d’autres compagnies assuraient la traversée. Durant l’attente du départ, il rédigea le Journal de Holyhead, adressé à Sheridan, comprenant des pages désarmées et sans apprêt, des poèmes mais aussi des anecdotes, incisives et sans complaisance, sur la nourriture, le temps, l’antipathie des Gallois ou l’alcoolisme des Irlandais.
Lorsqu’il arriva enfin à Dublin, aux premiers jours d’octobre, Swift trouva Stella à l’article de la mort. Il écrivit à Sheridan : “En ce moment même, je me dis que la plus belle âme qui fût au monde a quitté son corps. Je suis depuis longtemps las du monde, et pour le restant de mes jours je serai las de la vie, car j’aurai perdu pour toujours cette amitié qui seule pouvait la rendre tolérable à mes yeux.” Esther Johnson s’éteignit le 28 janvier 1728. Swift n’avait pas coutume d’écrire pour lui-même; ce journal, tout à la fois intime et cocasse, s’adresse à un ami, comme autrefois le Journal des années 1710-1714 l’avait été à Stella.

Traduit de l'anglais par David Bosc.

La vie à la merci de la plume