Editions Allia

Dans les avions, l'horizon n'existe pas
Il n'y a pas de solitude dans un monde occupé par un seul objet.

août 2014 - prix: 12 €
format : 115 x 185 mm
224 pages
ISBN: 978-2-84485-890-0 Existe aussi aux formats ePub et PDF


Extrait de "Dans les avions, l'horizon n'existe pas"

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Dans les avions, l'horizon n'existe pas

Agustín Fernández Mallo

"Harold a déjà remonté tout l'état de Floride pour entrer dans celui de Géorgie, le traverser, atteindre celui d'Alabama et continuer à courir. Depuis qu'il a abandonné sa maison préfabriquée de Miami et le tennis de console vidéo, il ne fait que courir sans retour. Il s'arrête uniquement pour dormir ; tout le reste, il le fait en marche.À chaque fois qu'il arrive à un croisement, il prend un embranchement au hasard, et trace ainsi un chemin sinueux qui, vu sur une carte, rappelle celui d'’un ver à bois sur un pied de lit en forme de continent américain (récemment, quelqu'un a signalé sa ressemblance avec les circonvolutions d'un cerveau). Pantalon chino à pinces, polo rouge, blouson d'aviateur et les vieilles Converse aux pieds. Aucun signe ne lui indique qu'’il doive continuer ou s'arrêter, il adopte cette solution neutre du Principe d'Inertie tel que postulé par Newton : tant que rien ne l'en empêche, toute chose en mouvement poursuivra sa trajectoire à vitesse constante. Il a refermé son esprit de la même manière que la chair tend à se refermer après une opération chirurgicale."

Oubliez vos marque-pages. Vous serez happé comme dans un zapping télévisuel par une suite haletante de flashs sur des images poétiques, des pensées philosophiques, des passages de Marelle de Julio Cortazar, de Ghost Dog de Jim Jarmush, sur un interview de PJ Harvey ou une œuvre controversée de Damien Hirst. Entre les pages se faufilent autant de personnages déjantés : Marc, fin lecteur du Guide Agricole Philips, égrène les formules mathématiques sur des feuilles A4 étendues sur un fil à linge, Ji colore les chewing-gums écrasés sur les trottoirs de Londres, phénomène qu'il perçoit comme le cancer de la ville, Ernesto conçoit dans la solitude une Tour pour suicidaires, tandis que Harold avale toutes les boîtes de Corn Flakes dont la date de péremption correspond à l'anniversaire de son ex-femme. Ce livre parle autant d'individus interlopes et attachants, que de lieux étranges et symboliques, tel cet édifice imaginé sur le modèle géométrique du parchís, version catalane du jeu des petits chevaux. Agustín Fernández Mallo campe des atmosphères à faire pâlir les plus grands cinéastes et dessine une cartographie occulte du monde contemporain. Car des liens mystérieux relient les personnages les uns aux autres et ne tardent pas à se révéler au lecteur éberlué. La magie embaume ce livre, où arts et sciences se côtoient de manière inédite, où l'auteur confie au lecteur les fils de ses marionnettes. Car l'évocation poétique d'un monde où domine la désolation ne va jamais sans son pendant : un humour grandiose. Peut-être faudrait-il inventer un nouveau concept pour parler de ce roman cinématographique, en écho au titre d'Umberto Eco : la littérature ouverte. Du moins sommes-nous à coup sûr en présence d'une œuvre totale.
Deuxième tome de la trilogie Nocilla, après Nocilla Dream.
Traduit de l'espagnol par Gabrielle Lécrivain

Le travail du fragment

La chose littéraire

L'ère du jeu