pas d'enfants, nom de Dieu !
mars
2014
- prix: 9,20 €
format : 115 x 185 mm
176 pages
ISBN: 978-2-84485-812-2 Existe aussi aux formats ePub et PDF
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Viande à brûler
César Fauxbras
"Moi, dit Lalou, je suis pacifiste, anarchiste, bolcheviste, antimilitariste, socialiste, et tout ce que vous voudrez en 'iste', à condition que ce soit contre les capitalistes. Tout de même, je me donne encore six mois. Au bout de ce temps-là, si je n'ai pas trouvé du boulot, je m'engage pour cinq ans à la Légion. Et après, je ferai ma demande pour la Garde Mobile. Ils en ont marre, mes boyaux. Les copains me traiteront de dégueulasse, mais je m'en fous, je veux me remplir le bide."
Plongeant le lecteur en plein cœur de la crise de l'entre-deux guerres, ce journal d'un chômeur réussit à toucher, comme nul autre roman, la vérité brûlante, sanglante, et surtout humiliante d'une époque rimant avec misère. César Fauxbras livre ici un témoignage bouleversant. Le sordide hôtel pour chômeurs où il nous entraîne existe sûrement dans un coin perdu du XIIIe arrondissement de Paris ; là, le licencié ès lettres Jojo, l'ex-médecin marron Chouard, le ménage Voulaz, la fille Jeannette qui se donne par camaraderie, tous passés maîtres dans l'art du système D et des combines en tout genre, forment un de ces mille îlots perdus dans l'enfer de la grande ville. De galères en situations dramatiques, Thévenin, le narrateur, fait montre d'une ultra-lucidité comme d'une incroyable capacité à déceler l'hypocrisie et débusquer le ridicule ; ne serait-ce que dans la trivialité du quotidien ou dans les méandres d'une administration absurde et inhumaine. Malgré les petits boulots flirtant avec l'illégalité, la lutte des acolytes pour survivre semble vaine. La radiation du chômage les menace tous. La langue de Fauxbras se fait alors drue et corrosive, argotique, brute comme le sujet, son regard sur la société est cinglant. Il donne naissance, par le biais de ce récit intime, à un texte engagé, celui d'un révolté qui laisse transpirer son non-conformisme et un humour noir digne des grands auteurs du genre. Car face à la solitude et au désespoir, seul l'humour pourra les sauver. À moins qu’un pont au-dessus de la Seine ne fasse définitivement l'affaire. Un roman majuscule.
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