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octobre
2012
- prix: 3,20 €
format : 100 x 140 mm
48 pages
ISBN: 979-10-304-1846-0 Existe aux formats ePub et PDF
Extrait de “Glenn Gould par Glenn Gould sur Glenn Gould”
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Glenn Gould par Glenn Gould sur Glenn Gould
Glenn Gould
"g.g. – Bien. On vous a entendu dire que votre intérêt pour l'enregistrement – pour les médias en général, en fait – représente un intérêt pour l'avenir.
G.G. – C'est exact. Je l'ai même déclaré dans les pages de cet illustre magazine, pour tout vous dire.
g.g. – Tout à fait. Et vous avez également déclaré, inversement, que la salle de concert, la scène, l'opéra, etc., représentaient le passé ; peut-être un aspect de votre propre passé en particulier et, de manière plus générale, le passé de la musique.
G.G. – C'est vrai, même si je dois admettre que le seul contact professionnel que j'ai eu avec l'opéra s'est soldé par une petite trachéite que j'ai ramassée en jouant dans l'ancien palais des festivals de Salzbourg. Comme vous le savez, c'était à l’époque un bâtiment extrêmement soumis aux courants d'air et je…
g.g. – Peut-être pourrions-nous parler de votre état de santé à un moment plus opportun, M. Gould ; mais il me semble – et j’espère que vous me pardonnerez de vous le dire ainsi – que les déclarations de ce genre sont toujours par nature un peu intéressées. Après tout, vous avez choisi d'abandonner toute forme de scène publique il y a environ, combien, dix ans ?
G.G. – Très exactement neuf ans et onze mois à la date de cette publication."
G.G. – C'est exact. Je l'ai même déclaré dans les pages de cet illustre magazine, pour tout vous dire.
g.g. – Tout à fait. Et vous avez également déclaré, inversement, que la salle de concert, la scène, l'opéra, etc., représentaient le passé ; peut-être un aspect de votre propre passé en particulier et, de manière plus générale, le passé de la musique.
G.G. – C'est vrai, même si je dois admettre que le seul contact professionnel que j'ai eu avec l'opéra s'est soldé par une petite trachéite que j'ai ramassée en jouant dans l'ancien palais des festivals de Salzbourg. Comme vous le savez, c'était à l’époque un bâtiment extrêmement soumis aux courants d'air et je…
g.g. – Peut-être pourrions-nous parler de votre état de santé à un moment plus opportun, M. Gould ; mais il me semble – et j’espère que vous me pardonnerez de vous le dire ainsi – que les déclarations de ce genre sont toujours par nature un peu intéressées. Après tout, vous avez choisi d'abandonner toute forme de scène publique il y a environ, combien, dix ans ?
G.G. – Très exactement neuf ans et onze mois à la date de cette publication."
En 1964, à 32 ans, Glenn Gould décide de ne plus se produire en public et privilégie les enregistrements en studio. Ce revirement dans sa carrière restait à ce jour une énigme. Entre autres sujets abordés, il s'en explique ici, dans un texte étonnant, où on perçoit aussi en lui l'essayiste et le théoricien de l'art. Pourtant, il nous affranchit d'emblée : le seul sujet qu'il ne souhaite pas aborder, c'est la musique. Ce qui, à ses yeux, ne peut que favoriser les révélations. Et en effet. Dans cette interview en miroir, Glenn Gould avoue "la duplicité qui se cache sous un smoking", la fragilité du musicien exposé en chair et en os devant un "public" ; terme qu'il remet d'ailleurs en cause. Au détour, il évoque l'émotion musicale que lui a procurée le spectacle de Herbert von Karajan, immense chef d'orchestre, dirigeant à Berlin le Philharmonique. Mais la forme même du texte est plus évocatrice encore : dans ce dialogue avec lui-même, l'auteur met en scène un subtil jeu de thèses-antithèses. L'attraction magnétique que le musicien loufoque et excentrique exerce sur son public ravit ici, au sens propre comme au figuré, le lecteur.
Traduit de l'anglais par Élise Patton.