Editions Allia

Dès les premières pages, Langewiesche plonge le lecteur dans le tourbillon atomique qui détruisit entièrement Hiroshima. Cette brutale entrée en matière n'a d'égale que la finesse, la précision et la simplicité avec laquelle l'auteur décrit le phénomène physique d'une explosion atomique. Et le lecteur n'est pas victime mais bien acteur. En effet, Langewiesche l'introduit dans le cockpit qui a volé à 10 000 mètres au-dessus d'Hiroshima, au côté du colonel Paul Tibbets. Ainsi, à l'appui de récits historiques, Langewiesche met en perspective les conséquences politiques, morales et culturelles de la généralisation de la bombe atomique dans le monde actuel. Éminemment dangereuse, la bombe est aussi une arme de défense, tandis qu'elle est nécessairement corrélée à la menace du terrorisme. Qui possède la bombe se protège. D'où l'interrogation de l'auteur sur la gageure morale d'empêcher les pays pauvres de l'acquérir. Fort de ce postulat, Langewiesche mène une expédition, de Washington à la Turquie, en passant par les Pays-Bas, le Pakistan, la Russie et la Géorgie afin d'évaluer les possibilités individuelles et collectives d'obtention de ces armes technologiques. Enquête d'investigation érudite, Atomic Bazaar relate néanmoins autant l'histoire des individus que celle des nations. Sans alarmisme aucun, avec la froide distance d'un analyste soucieux de rendre compte de tous les points de vue, l'auteur pose des questions fondamentales concernant la géopolitique du monde : le nucléaire permet désormais de maintenir un relatif équilibre entre les nations.