Simone Weil
Dès ses années d’études, la philosophe Simone Weil, née en 1909, s’est attachée à l’étude approfondie de l’œuvre de Marx. Libertaire, passionnée autant par le syndicalisme révolutionnaire que par la pensée grecque, elle fraie volontiers avec les anarcho-syndicalistes et les militants de la Révolution prolétarienne. Agrégée, elle est nommée professeur de philosophie au Lycée du Puy en 1931 puis à Auxerre. Or, pour mieux parler de la misère, il faut la connaître. Raison pour laquelle elle devient ouvrière d’usine, condition à ses yeux indispensable à l’action militante. Elle entre pour de nombreux mois chez Renault en 1934, expérience qu’elle consigne dans un journal et des lettres, rassemblés sous le titre La Condition ouvrière. Elle reprend ensuite sa charge d’enseignante à Bourges mais part dès 1936 pour Barcelone, aux côtés des anarchistes. La guerre lui montre alors la frontière ténue qui sépare une dictature et une démocratie. Désormais, elle ne cherchera plus le salut dans la politique, mais dans une foi soudaine, éloignée toutefois des préceptes de l’Église – ce dont témoignera sa Lettre à un religieux, écrite en 1942. En 1940, elle se réfugie à Marseille, où elle se lance dans la rédaction des Cahiers, dont une sélection a paru dès 1950 sous le titre La Pesanteur et la Grâce. Elle collabore aux Cahiers du Sud puis embarque pour les États-Unis en 1942. Désirant entrer dans les services de la “France libre” à Londres, elle gagne l’Angleterre et y écrit L’Enracinement. Mais sa santé se détériore rapidement, état aggravé par les restrictions qu’elle s’inflige. Elle meurt à Londres en 1943.