Boris Vildé
Né en 1908 à Petrograd, Boris Vildé perd son père à l’âge de quatre ans. Il s’installe avec sa mère et sa sœur dans le village de Yastrebino, au Sud-Ouest de Petrograd, puis, en 1919, à Tartu en Estonie. Boris Vildé s’inscrit à l’université mais les moyens lui font rapidement défaut. Manœuvre dans une scierie l’été puis compositeur typographe, il défend le séparatisme balte, ce qui lui vaut un bref séjour en prison. À 22 ans, il décide de quitter l’U.R.S.S. et gagne l’Allemagne. À Berlin, il apprend l’allemand, devient lecteur à l’université de Iéna et rencontre André Gide, qui lui suggère de s’installer à Paris.
À son arrivée en France en 1932, il fréquente le Montparnasse bohême et reprend des études supérieures. Il obtient une licence d’allemand et un certificat en ethnologie. Il dispense des cours particuliers de russe, grâce auxquels il rencontre Irène Lot, fille du médiéviste Ferdinand Lot, épousée en 1934. Il est naturalisé français en septembre 1936 et entre au Musée de l’Homme. En 1939, Paul Rivet le nomme à la tête du département des Peuples polaires. Il obtient par ailleurs un diplôme de langue japonaise à l’École des langues orientales.
Lors de la mobilisation de septembre 1939, il est incorporé comme brigadier. Fait prisonnier en juin 1940 dans le Jura, il parvient à s’échapper et regagne Paris à pied au début du mois de juillet 1940. Épaulé par Yvonne Oddon, bibliothécaire du Musée, et Anatole Lewitsky, ethnologue, il jette les bases d’un des tout premiers réseaux de résistance de la zone occupée. Fédérant les différents groupes, il participe au lancement d’un journal clandestin, Résistance, dont le premier numéro paraît le 15 décembre 1940. Très actif, il cherche à unifier les forces de la Résistance intérieure sur l’ensemble du territoire et entame un long périple en zone sud fin 1941. Mais, dès le mois de janvier 1941, le Musée de l’Homme subit les premières arrestations. Un agent de liaison, Albert Gaveau, s’avère être un agent double infiltré par le service de sécurité allemand.
Lorsqu’il apprend les interpellations de Anatole Lewitsky et de Yvonne Oddon en février 1941, Vildé se précipite à Paris mais est très vite arrêté à son tour par la Gestapo le 26 mars 1941 et incarcéré, d’abord à la prison de la Santé puis à Fresnes à partir de la mi-juin 1941. Mis dans un premier temps au secret, il peut à compter de septembre 1941 recevoir des colis, lire et écrire. Il entame la rédaction d’un journal de prison. En janvier 1942 s’ouvre à Fresnes le procès de “l’affaire du Musée de l’Homme” devant un Tribunal Militaire allemand. Vildé est au premier rang des accusés, désigné comme le chef de l’activité anti-allemande. Responsabilité qu’il endosse pleinement tandis qu’il tente de décharger les autres inculpés. Le 17 février 1942, il est condamné à la peine de mort pour “intelligence avec l’ennemi”. Il est fusillé au Mont-Valérien le 23 février 1942.