Editions Allia

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À propos de l’héritage antique L’Europe médiévale
L’inspiration mystique a été la source et le cœur de la conscience médiévale. On le constate tant dans la justification de ses entreprises collectives ou privées que dans ses manifestations littéraires ou artistiques. La fin de cette civilisation devait voir néanmoins cette inspiration étouffée dans le carcan scolastique, simultanément au développement des communes bourgeoises et à la marginalisation d’une partie de ses populations.
Une Renaissance
L’importance prise par les échanges marchands aux XVe et XVIe siècles favorise les entreprises d’une nouvelle classe sociale qui se cherche une légitimité à travers de nouveaux instruments de connaissance et un mode de vie inconnu des siècles précédents. les textes présentés ici concernent le renversement culturel et la question morale surgis simultanément de ces nouvelles conditions historiques.
Les arcanes de l’âge classique
Le XVIIe siècle européen a consacré le triomphe de la bourgeoisie marchande, de son mode de pensée et de son style de vie. Les ouvrages de ce chapitre présentent les nouveaux canons de la connaissance et de son expression, l’érotisme conçu désormais comme une simple gymnastique jouissive, ainsi que diverses réflexions désabusées sur les moyens habituels de réussite mondaine et sur la fausseté des nouvelles relations sociales.
Le dix-huitième siècle – entre les lumières et l’incendie
Le XVIIIe siècle, galant, libertin et contestataire, s’est achevé dans les convulsions de la Terreur et des guerres napoléoniennes. Deux personnages apparaissent d’abord: un libertin de cour et un illustre chef de bande, dont l’aspect exceptionnel ne doit pas masquer qu’ils furent, à leur manière, représentatifs de leur époque. Plus tardifs sont les textes de Vittorio Alfieri et de Giacomo Casanova, anciens libertins engagés ultérieurement dans une guerre contre les anciennes ou les nouvelles tyrannies. Quelques ouvrages sont présentés enfin, tout aussi caractéristiques d’un siècle prompt aux enthousiasmes et à l’autoglorification, comme aux sarcasmes et à la nostalgie.
De l’Europe napoléonienne à la révolution de 1848
Œuvres poétiques, fictions, ou réflexions philosophiques, les ouvrages proposés ici témoignent des récents bouleversements historiques de l’époque. Inquiétude vis-à-vis des contraintes éducatives, sociales, politiques, effroi devant ce qu’elles peuvent produire, remise en cause des anciennes certitudes, et tentative de retour à une innocence présumée, telles sont les lignes de force à partir desquelles tente de s’édifier une morale individuelle face à un monde inquiétant.
De Marx à la Belle époque
Les conflits politiques et les luttes sociales dont cette époque a été l’enjeu ont donné lieu à une littérature critique engagée dans l’effort collectif d’émancipation. Simultanément sont apparues diverses falsifications réussies de ces critiques, entre autres dans le nouvel antisémitisme. Du maintien provisoire de l’ordre qui en est résulté – et comme pour illustrer les théories psychanalytiques alors en gestation – ont surgi une importante littérature érotomaniaque et quelques autres tentatives de fuites hors du réel.
Début du vingtième siècle – autour d’une révolution sociale
La guerre sociale qui a éclaté en Russie en 1917 s’est achevée en Espagne en 1938, après avoir mis le feu à Berlin et à Turin. Des textes sont publiés ici, qui témoignent de ses espoirs, de ses échecs, des causes de sa défaite aussi, par les acteurs mêmes qui y ont participé. D’autres textes de cette époque concernent divers facteurs d’oppression sociale qui ont entraîné cette guerre et, assurément, contribué à son dévoiement malheureux.
Début du vingtième siècle – la révolte des artistes
La perfection presque achevée d’un monde où le développement technique, le progrès social, le culte de l’art et la raison triomphante se glorifient mutuellement devait basculer brutalement dans la première guerre mondiale de l’histoire. La révolte des artistes, au début de ce siècle, est d’abord dirigée contre la complicité d’un art exclu dans son principe du mouvement historique réel, et lui servant pourtant de décoration et de prétexte. La destruction de cet art, de l’actuelle organisation des hommes et des choses, de ses fondements rationnels aussi, s’est alors imposée comme préalable à la redécouverte d’une authenticité égarée.
Nouvelles dictatures européennes et Seconde Guerre mondiale
Les années vingt, trente et quarante de ce siècle ont été marquées par l’avènement de nombreuses dictatures à visées expansionnistes – avènements tout aussi “démocratiques” que celui des “fronts populaires” de la même époque – et par une nouvelle guerre mondiale qui provoqua, cette fois, cinquante millions de morts. Plusieurs textes publiés ici sont des réflexions “à chaud” sur les nouveaux procédés de manipulation collective et sur les capacités individuelles d’y résister. D’autres témoignent des désillusions entraînées par ce cours inattendu de l’histoire.
Dans la guerre froide – la révolte et son double
Le nouvel équilibre politique mondial de l’après-guerre a suscité une autre critique sociale – autour de la revue Socialisme ou barbarie, principalement – dirigée conjointement contre les deux pôles, stalinien et libéral, du capitalisme triomphant. Une nouvelle révolte des artistes est venue confirmer alors la sentence dadaïste de la mort de l’art mais en s’engageant à “réaliser l’art” dans tous les aspects de la vie, y compris politique, par le renversement violent de l’ordre actuel. Simultanément, des constats horrifiés témoignaient de la parfaite soumission des pauvres à leur vie misérable et du parfait mépris de la vie de certains groupes d’insoumis pour qui le “grand jeu” passait par la mort et par la trahison. La méfiance à l’égard des idées générales, de soi-même, et de cette méfiance elle-même, s’est exprimée à l’époque dans quelques œuvres originales.
La fin d’une époque – les conditions du vrai
L’importance désormais acquise par les médias, leur formidable capacité de diffuser les discours des pouvoirs politiques et économiques, le rôle aussi de groupes d’influence socioculturels financièrement manipulés, ont fait de la question du vrai et du faux le cœur de toute libre réflexion actuelle. Cette question englobe inséparablement le rôle et le sens humain de la vérité, les relations que le mensonge entretient avec la loi des choses mortes, les affrontements inévitables qui en résultent, les moyens d’expression et de transmission, enfin, de ces discours opposés.